Il ne fait aucun doute que les défis économiques, sociaux et financiers du pays sont très grands et que les difficultés sont multiples, mais la situation n’est pas sans issues. Il est toujours possible de réaliser le rêve en transformant les faiblesses en forces et les obstacles en affluents pour le développement.
Les changements à opérer dans le cadre du nouveau modèle de développement, qui sera conçu sur instructions du Président de la République, ne devraient pas être fondés uniquement sur l’identification des dysfonctionnements et des obstacles rencontrés. Il s’agirait, plutôt, de définir les réformes à entreprendre et de trouver des solutions adéquates aux problèmes posés.
Si la Tunisie a réalisé des progrès concrets, mondialement reconnus, les modèles de développement nationaux successifs, en revanche, se sont avérés inaptes à satisfaire les demandes pressantes et les besoins croissants des citoyens, à réduire les disparités et les écarts régionaux et à réaliser la justice sociale. Dans ce contexte, le Président de la République, Kaïs Saïed, a souligné que ceux qui font l’apologie d’un «schéma de développement» n’ont pas réussi à apporter des réponses aux soucis des citoyens, tout comme ils ne se sont jamais donné la peine de décrypter les raisons sous-tendant la détérioration des conditions socioéconomiques du pays.
Révision du schéma de développement
L’heure est venue de renouveler le schéma du développement national. Un schéma qui garantit à la fois équité et liberté, protection et autonomie, innovation et enracinement, diversité et unité… D’ailleurs, le Chef de l’Etat l’a confirmé : «Le modèle de développement auquel beaucoup aspirent et ne cessent d’en revendiquer l’existence devrait être celui fondé sur la création de la richesse et la distribution de ses dividendes à l’ensemble des citoyens sur la base de la justice sociale».
Le modèle de développement devrait pallier les fragilités causées par les mutations qui ont marqué le contexte socioéconomique du pays au cours de la dernière décennie et les nouveaux défis qui en ont résulté. Diversifier l’économie nationale et assurer sa transformation structurelle en une économie productive, créatrice de richesses et d’emplois de qualité sont au cœur de la révision du schéma de développement. La réalisation de ce schéma exige, outre la libéralisation de l’initiative entrepreneuriale, l’amélioration de la compétitivité, de l’investissement privé, la promotion du rôle social dévolu aux entreprises citoyennes qui requiert de la motivation de la part des Tunisiens pour pouvoir lancer ce genre de projets.Selon une étude sur le modèle de développement en Tunisie réalisée par Hmida Klai, enseignant et chercheur, « la révolution tunisienne a prouvé l’échec du modèle de développement depuis les années soixante-dix. Le pays se trouve aujourd’hui confronté à des défis économiques et sociaux majeurs, principalement le chômage, la disparité régionale, un déficit budgétaire, un taux d’inflation élevé en plus d’une lourde dette publique extérieure ». Comment relever les défis et saisir les opportunités pour promouvoir l’économie? Pour sortir de la situation actuelle et promouvoir l’économie, « il est nécessaire de prendre des mesures urgentes, d’élaborer et de suivre une stratégie de développement à moyen et long terme, dont le noyau est constitué d’un modèle de développement fondé sur l’économie du savoir qui vise à réaliser un développement intégré et durable ».
Il est primordial ainsi de maîtriser les prix à la consommation et combattre l’inflation pour maintenir le pouvoir d’achat des citoyens, améliorer la compétitivité de l’économie et consolider la valeur du dinar. Il est question aussi de réduire la pauvreté par l’encouragement des projets générateurs de revenus et d’emplois. «Ce qui nécessite de mettre en place des mesures d’accompagnement des jeunes promoteurs en assurant la formation, le financement et la commercialisation et d’établir un ensemble de programmes «stimulus package» visant à lutter contre la pauvreté et le chômage dans ces régions ».D’autres mesures doivent être prises, à savoir celles relatives à la lutte contre la contrebande et la réorganisation du secteur informel, la réduction du déficit de la balance commerciale, par la maîtrise et la rationalisation des dépenses courantes et la mise en place d’une réforme du régime de subvention des biens de consommation, et par la mise en place d’une réforme pour combattre l’évasion fiscale. Ceci sans oublier la modernisation de l’administration (alléger les formalités et les procédures administratives, digitaliser le travail, renforcer le service en ligne…).
La réussite de l’exécution de ces mesures « reste tributaire de la sécurité, de la clarté de la vision politique, de la gouvernance, de la transparence et surtout de la stabilité politique ».
Des fonds nécessaires pour le processus de développement
Pour assurer le succès de la stratégie de développement, l’Etat doit être en mesure d’assurer le financement nécessaire et apporter un plus grand volume d’investissement direct étranger. Ce qui nécessite l’instauration d’un climat propice à l’investissement capable de gagner la confiance des hommes d’affaires étrangers et locaux et gagner la confiance des bailleurs de fonds (sécurité, liberté économique, des infrastructures et des services de pointe, des procédures administratives allégées et assouplies …).